Discuter et résoudre leurs divergences dans l’harmonie (La Dépêche Août 1961)

Discuter et résoudre leurs divergences dans l’harmonie serait pour Tunis et Paris un acte de haute politique

 

La Dépêche,  23 Août 1961

 

…Le débat s’ouvre par l’intervention de M. Mohieddine Fekkini (Libye). Il déclare que la France ne semble pas tirer toutes les conséquences de l’existence de la Tunisie. Etat indépendant t souverain, et que sa rebellion contre les Nations Unies démontrée par son absence à l’assemblée, illustre parfaitement cette mentalité, d’une époque révolte. Le délégué libyen, qui est co-auteur de la résolution déposée, déclare que l’ONU serait en droit de désigner les responsables et de prendre les sanctions qui s’imposent, mais qu’elle serait mieux inspirée d’indiquer la voie d’un règlement pacifique et honorable.

« Tout serait résolu si le gouvernement français reconnaissait officiellement le principe de l’évacuation corollaire logique du principe de la souveraineté tunisienne », souligne M. Fekkini, en se déclarant convaincu que les dirigeants tunisiens, pour leur concours pour établir des modalités raisonnables de l’évacuation des forces françaises.

…L’intérêt des Etats-Unis dans cette affaire est de voir ce dangereux conflit résolu et le rétablissement de la paix en Afrique du Nord et des relations amicales entre la France et la Tunisie, déclare M. Stevenson en évoquant les relations étroites liant les Etats-Unis aux deux pays en cause.

…M. Stevenson demande à la France et à la Tunisie « de s’élever au-dessus de toutes les considérations secondaires et de se réunir pour discuter et résoudre leurs divergences dans l’harmonie ». Ce serait là dit-il, « un acte de haute politique qui tracerait la voie de la paix en Afrique du Nord ».

  1. Ablai Stevenson rappelle ensuite qu’au cours des six dernières semaines, les Etats-Unis se sont efforcés « avec plus de persistance que le succès » d’amener la France et la Tunisie à ouvrir un dialogue.

…Le représentant des Etats-Unis en expose les quatre données essentielles suivantes :

1 – La souveraineté tunisienne sur Bizerte n’est pas mise en question et ne saurait l’être. Il existe un problème pratique : celui d’établir une corrélation entre cette souveraineté et le différend actuel, mais le principe de la souveraineté de la Tunisie sur son propre territoire devrait être universellement accepté. Il ne peut y avoir de doute sur ce point.

2 – Aucune des deux parties ne devrait entreprendre d’action pouvant aggraver la situation. Il est essentiel que les deux parties évitent des actes de provocation.

3 – Le troisième élément essentiel de toute solution nous semble être le retour de toutes les forces armées sur leurs positions primitives. Bien que le Conseil de Sécurité ait décidé unanimement le 22 juillet que ceci devrait être accompli, nous en attendons toujours l’application. Les Nations Unies sont en droit d’attendre l’exécution par leurs membres, des décisions du Conseil de Sécurité. Nous espérons un retrait à une date rapprochée des troupes françaises de Bizerte et de ses environs et nous espérons, en même temps, que les Tunisiens s’abstiendront de faire obstacle aux communications essentielles…

4 – Le quatrième élément fondamental de toute solution réside dans de proches négociations entre les 2 parties sur les installations de Bizerte se trouvant actuellement nous contrôle français. Il ne serait pas approprié que cette assemblée essaye de dicter les termes, il est évident qu’une telle négociation devrait aboutir à des rangements précis pour la disjonction finale de ces installations en fendant sur le principe irréfuté de la souveraineté tunisienne sur Bizerte ».

« Nous reconnaissons que des considérations puissantes et de profit des émotions semblent faire obstacle à un déroulement aussi évident nous ne les minimisons pas, cependant, nous faisons appel tant à la France qu’à la Tunisie, qu’elles s’élèvent au-dessus des considérations de second ordre, pour qu’elles se rencontrent qu’elles résolvent les différends dans un accord et de l’intérêt de la paix et de l’entente entre amis. Etre d’accord pour s’engager dans une telle voie serait pour la France et la Tunisie un acte d’envergure politique qui seulement ferait honneur à le gouvernement mais aiderait aussi à préparer le chemin da la paix et la coopération dans toute l’Afrique du Nord ».

…Il est indispensable que la paix revienne au Maghreb aussi tôt que possible. Une résolution du problème de Bizerte pourrait contribuer au développement des liens nouveaux et plus solides entre les deux rivages de la Méditerranée, liens fondés sur l’autodétermination et le respect mutuel.

« Les Etats-Unis, pour leur part, s’engagent à persister dans leurs efforts pour l’établissement de la paix en Afrique du Nord, paix dont la crise actuelle est un élément important.

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